Deux jours après Montluçon, un terrible saut dans le néant a fissuré le monde De sombres nuages ont recouvert le ciel, les citernes grinçaient deux jours plus tard Des oiseaux noirs poussaient leurs cris de chat et des chats poussaient des gémissements de renard Plus rien n’était pareil, la peur avait envahi le monde au point de nous laisser exsangues Étrangers à nous-mêmes, seuls avec notre panique Un unique acte magique pouvait nous aider à réparer cette fissure béante Mais nous étions dans une voie sans issue Cette angoissante agonie de nos deux êtres flottants dans l’univers Sans autre point de repère que le courant alternatif de nos craintes Cette faille que nous avions créée devait être réparée Alors, pour s’extraire de ce rêve envoûtant, nous nous sommes aventurés sous le pont du monde Celui qui mène de l’autre coté, là d’où les poètes partent Là ou tout commence, et d’où il nous fallait repasser. Recommencer le trajet, chercher et comprendre, se rappeler Enfin peut-être, soigner nos blessures et renaître, entamer un beau travail. A la hauteur de notre passion sans pareille, au-delà des apparences La sève circulant dans nos cœurs exaltés, devait re-circuler et colmater les bordures. Évaluer l’incompréhensible fissure. Nous avons suivi le chemin et c’est ainsi, en rêvant que, de nouveau cela nous est apparu Plus limpide et plus vrai que de nature. Le travail pouvait commencer Nous avons accepté l’aide de nos alliés, Sans les reconnaître, cela allait nous arriver. C’est à partir de là, en toute conscience, que les couleurs de la vie généreusement, vibrèrent, récompensant, inondant l’univers Autour de nous, magnifique, recréant volupté et joie, un echo en choeur. Reconnaissant sa douceur, définitivement clairvoyants, nous avons palpé nos retrouvailles. Paix, douceur et chant de cet oiseau intérieur, Dans sa secrète alcôve qu’il a choisie, au pied du Pic de Saint loup. Il a permis déjà que se réunissent L’ensemble de notre tribu, celle des premiers âges C’est là, qu’ensemble Nous portons de nouveau la clef des rêves, des nuits de décembre Ainsi perdurent le temps des saisons, la beauté, l’harmonie et la paix Mais voulez-vous savoir comment cela s’est passé ?... Rencontre avec les alliés Dans le village de Jacou, se trouve un restaurant pizzeria tenu par deux personnes à l’apparence très humaine Une serveuse et son patron. La serveuse, telle un garçon, rentre sa chemise à carreaux dans son pantalon Lui, le visage lisse et brillant, est très accueillant. Les deux se montrent d’une « grande proximité » dès l’arrivée. Ils sont affables et si proches que cela en est presque gênant. Nous choisissons une petite table, la seule installée de travers. Avec l’espace important de la salle de restaurant, les autres tables sont bien réparties Pas le choix, nous décidons de tourner la table, 10 degrés à droite, pour être à l’aise On se retrouve quant même trop près des clients d’à coté Lorsque je redresse la table, La serveuse nous rejoint, à plusieurs reprises, elle dit que la table est ins-table C’est ainsi dans son restaurant Il faut laisser la table telle quelle, afin de faciliter le passage de la circulation tout autour Puis elle convient ensuite que tout va bien, que ce n’est plus un problème Nous choisirons le menu, la serveuse reviendra nous prévenant Ensuite « Il n’est plus disponible ! »... elle explique qu’elle aurait dû nous avertir avant que nous fassions ce choix. Deux pizzas recouvertes d’une épaisse couche de sauce tomate rouge sang nous sont servies Pizza à la pâte molle et brûlée et une entrée pour deux. En dessert, une tarte au citron « revisitée » C’est au moment où la serveuse, dépose les plats sur notre toute petite table Que sa vie défile, de ses lunettes qui lui coûtent si cher, Elle nous dit qu’elles lui sont indispensables pour « voir » Pour voir qui, pour voir quoi ?... Elle ne comprend pas pourquoi sa mutuelle, n’a pu la joindre Elle continuera d’appeler, de payer mais cela à l’air impossible Elle est face à un mur Nous étions aussi face à un mur... Ainsi, un rêve plus loin, à la faveur de ce que nous montrèrent les « alliés », apparaîtra limpide le sens si particulier que cette rencontre ordinaire peut revêtir de merveilleux. En chercher le sens, sur les arêtes du pouvoir, de l’énergie fabuleuse que révèle l’art de rêver, redonne de la liberté et libère l’esprit du chercheur. C’est ce même esprit qui nous a fait dire aujourd’hui :
Je te dois une vie Tu as eu la force de venir me chercher Bravant la peur et le feu du volcan Sans perdre un instant Tu m’as sauvé Tu as eu foi en notre amour Avec le feu du dedans Et ce qu’il y a autour Tu as eu foi en nous pour toujours. Si nous sommes épris l’un de l’autre ainsi Nos regards aventureux et émerveillés seront chargés De cet étonnant reflet sur lequel on peut lire Les brisures que la lave trace sur nos peaux La lumineuse énergie que provoque la « renaissance » Donnant vie aux mystères infinis des êtres libres quand « voir » s’active Que ce soit après un rêve ou un cauchemar Nous nous sentons transformés, insoumis au réel submersible Détenteurs d’une réalité magique Nous lui appartenons et en sommes ses créateurs tout à la fois Nous sommes responsables de ce même amour Qui me fait te dire : « Cette fois, c’est moi ma chérie qui te dois une vie. »
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Auteurs : Anouk Journo, écrivain, traductrice, formatrice, et Michel Foucher dessinateur photographe accompagnés de Piou le chat et Pogo le chien Beagle.Un espace pour échanger nos découvertes, au fil d’un voyage itinérant en caravane, d'abord en France, et ensuite, où le vent nous mènera... Archives
Août 2021
|