Tel l’arbre à pain du Bounty, planté en Prou sur son navire
Je le vois appeler sans cesse l’eau de toute part Qu’elle vienne du ciel où de la terre, il peut s’en nourrir Etendre ses pieds solides et ses branches graciles Pour en harponner les molécules Captant dans ses racines puis son xylème Les fruits de sa sève, partout dans l’aubier, Issu du duramène aujourd’hui assèché Malgré l’Imperméable rigidité que lui donne la lignine. Toutes les plantes vasculaires comme lui ont leur histoire, leur réseaux Que les révoltés du Bounty, de Tahiti à la Jamaïque N’ont pu connaître, guerriers soumis à leur objectif final Ignorants de leur époque, instruments d’un équilibre imparfait Quand les plants tant convoités Plutôt qu’aux colons allèrent aux cochons Le large océan et l’intelligence humaine n’y suffirent pas Pour empêcher le chaos d’être manifesté, Faisant dire à une vieille Tahitienne assise sur le sable « L’équilibre naturel entre les êtres vivants n’est ni bon ni mauvais Si l’homme est un loup pour l’homme Pour qu’il soit le fruit de la nature Il doit se montrer digne et moralement responsable. »
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Homme-médecine sioux de la tribu des Lakota « Je ne suis pas un ivrogne, mais je ne suis pas un saint non-plus. Un médecine-man ne devrait pas être un « saint »... Il devrait descendre aussi bas qu’un pou et s’élever aussi haut que l’aigle... Vous devez être dieu et diable, tous les deux. Être un bon médecine-man veut dire être en plein milieu de la tourmente, et non s’en protéger. Ça veut dire expérimenter la vie dans toutes ses phases. Ça veut dire faire le fou de temps à autre. Cela aussi est sacré. » Chevreuil boiteux Extrait de la conférence donné par Pablo NERUDA à Madrid, trois ans avant la parution du manifeste du surréalisme« Outre le sens grammatical du langage, il y en a un autre, magique, qui est le seul qui nous intéresse.... Le poète crée hors du monde qui existe celui qui devrait exister.... La valeur du langage de la poésie vient directement de la distance d’avec le lange parlé... Le langage se transforme en un cérémonial de conjuration et se présente dans sa lumineuse nudité première, loin de tout habit conventionnel figé à priori... La poésie n’est rien d’autre que le dernier horizon, qui est à son tour l’arête où les extrêmes se rejoignent, où il y a ni contradiction ni doute. Parvenant à cette frontière finale, l’enchaînement habituel des phénomènes brise sa logique, et de l’autre côté, là où commencent les terres du poète, la chaîne se ressoude en une logique nouvelle. Le poète vous tend la main afin de vous conduire au-delà du dernier horizon, plus haut que la point de la pyramide, dans ce champ qui s’étend au-delà de ce qui est vrai ou faux, au-delà de la vie et de la mort, au-delà de l’espace et du temps, au-delà de la raison et de la fantaisie, au-delà de l’esprit et de la matière. Il y a dans sa gorge un inextinguible brasier ». Des cabinets de curiosité en pagaille aux lutins bleus en bulles : les vitrines de Honfleur17/11/2019 Sortis des rêves de l’enfance en flanelles multicolores
Les personnages sont là, juste derrière la glace Ils nous tendent les bras et éclairent notre âme Tandis que dehors, le vent froid assainit nos sens Cherchent-ils à capturer les doutes qui nous effraient ? Ou nous ramener à la raison En illuminant d’étonnement nos yeux innocents ? Nous nous laisserons aller à cette rêverie Sans dépenser le moindre penny Face à ces devantures aux allures « so British » Un rêve plus loin.
Un puissant courant nous a fait lâcher les amarres En « jetant l’encre » vers le large, nous savions que nous partions loin. Personne n’à levé la main, il n’était pas si tard Rien n’était plus pressé que l’envie de revoir le large Sur cette mer sans vagues, une nuit d’huile Incroyants seuls, avec notre barque toute retournée De là où nous nous étions « embarqués », Il ne restait rien, pas même un point sur l’horizon C’était couru d’avance et pourtant nous ne nous sommes pas retournés Ce fut là, qu’au fond de l’eau, on reconnut Le joyeux poisson lumineux, le même qui rend les gens heureux. Pas une écaille identique, étincelant comme 1000 diamants. Il nous conta nos vies passées et futures dans un même et unique instant Ensuite, nous sûmes comment retrouver nos clefs disparues Comment nous transformer en poisson lune à la gorge luminescente Nous pûmes absolument sentir le sens de nos vies Caché tout près, juste à coté de nous. Puis, tranquillement assis sur le fond sablonneux nous avons attendu Jusqu’à ce qu’un nouveau courant Nous déloge et nous jette sur la grève Nos têtes couronnées du limon bleu En retrouvant la mémoire, non, ce n’était pas un rêve Un rêve éveillé, un rêve de plus. Non, c’était bien nous, nous avions survécu. « La poésie »
Une voie intérieure, tel un portail d’émeraude franchi à la naissance, m’ouvre la voie d’un autre « air » Abracadabra, j’ouvre les yeux autour de cette table, née d’un frottement d’aile, c’est la poésie. Posé sur une branche Un oiseau de paradis Donne ses couleurs à l’automne Le soleil se glisse dans la rivière Pour mieux sentir cette feuille Au confins des choses Qui résiste et ne se courbe pas. Mon coeur aspire Au levé des ombres Qu’ont-ils fait, ceux-là pour se retrouver emmitouflés dans le bas de ta fosse ? Qu’ont-ils dû semer avant et autour d’eux, pour que tu nous les bannisses ? Y a-t-il une raison que ma raison ne puisse connaître ? Cette question peut-elle ne pas venir nous chercher ? Toi qui m’as conduit dans cet espace si particulier de la poésie. Avec eux et ensemble, nous avons pu parcourir, un fil de « liberté » Nous en avons soupesé l’étendue et humé ses restes. Nous avons pu voir la beauté cachée et la laideur. Un boulet et une chaîne entortillée aux pieds. Ce sera bien sans eux quant tu nous retrouveras dehors Juste heureux de vivre nos vies, simplement ressentir tes rayons sur notre peau Et nous, de te regarder dans les yeux Rien n’a défailli au carrefour de nos cœurs/sœurs Quand jaillit à l’occasion un sentiment neuf où se lit la peur comme l’innocence Nous nous présentons, au risque que sonne l’alarme Merci encore de nous guider à travers les dédales de ton palais Merci de ne pas nous laisser sur le quai de nos destinés Merci de laisser nos esprits « kaléidoscopiques» sur l’horizon Merci de toujours croire en nos compagnies Merci de nous permettre de vivre d’espoirs D’être là, même au bord du néant et des abîmes Mais je rêve, je rêve encore et toujours qu’une humanité fraternisante A été là près de toi et de moi, penchée là comme sur le berceau De nos premier cris, de notre premier souffle Je rêve encore et toujours que seul l’instant préside A nos destinées d’enfants si joyeux... Les ombres des peupliers Auréolent les frondes Les nervures rousses du sol Répandent un chant De terre oubliée De larmes vite séchées De souffles opaques Sous les grilles de béton Le bonheur souffre en prison Il sont nombreux attablés au bord du monde
Là où les êtres humains ne s’aventurent jamais Ils sont quantité à se lamenter ne plus sentir les hommes les appeler Construire des chapelles pour chacun de leurs esprits Où clamer des chants pour le plus grand d’entre eux. Alors ils se retrouvent au bord de l’eau Mirant leur image déformée Avec le secret espoir Qu’un homme sans importance Près de la chaumière de Martine La médium magnétiseuse Voie tomber les milliers d’ellipses Des érables sycomores. Au milieu de nulle part, nous nous sommes retrouvés
Avant ça, j’avais fait jaillir de la bordure Un reflet de cette absolue lumière que cache notre lune Ce que je croyais voir a cru bon de venir nous chercher De la « folie contrôlée », à la modification de ce chemin en rêves improbables ? J’ai vu comment l’histoire de ce monde peut transformer un chien en aigle Toujours sur le bord abrupt de ce chemin, il y a eu un rêve pour nous nourrir Alors que se dressaient des falaises de marbres autour de toi Tu m’as demandé de croire en nous, de contempler les champs de notre campagne J’ai pressenti les notes du vent près de ton cœur, je voulais te dire mais ma bouche est restée cousue J’ai jeté la cruche pleine au vent, hurlé dans la campagne et regardé se fêler le ciel En te disant que « rien n’avait d’importance », tu m’as entendu Alors toujours au bord des abîmes, nous nous sommes tenus par la main Rien ne s’est inversé, rien n’a disparu, rien n’est resté inchangé Et pourtant, c’est bien au milieu de nulle part que nous nous sommes retrouvés Juste au pied de ces deux arbres juste séparés par une espèce de banc anhistorique Derrière, la croix nous protégeait-elle en signant pour nous cette brève promenade ? Non, nous n’étions pas envoutés, ni bannis, ni éjectés de l‘absconse réalité Nous avions choisi de vivre notre vie ensemble. Sans perdre un instant. |
Auteurs : Anouk Journo, écrivain, traductrice, formatrice, et Michel Foucher dessinateur photographe accompagnés de Piou le chat et Pogo le chien Beagle.Un espace pour échanger nos découvertes, au fil d’un voyage itinérant en caravane, d'abord en France, et ensuite, où le vent nous mènera... Archives
Août 2021
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